Les fouilles archéologiques menées sur l’île d’Eléphantine à Assouan par l’Institut Suisse de Recherches Architecturales et Archéologiques de l’Egypte ancienne en collaborationa avec l'Institut Allemand d'archéologie au Caire, ont permis de mettre au jour de nombreux blocs et fragments épars d’époque ptolémaïque et romaine (330 av. J.-C - 100 apr. J.-C.). Ces blocs sont les seules évidences restantes de temples, aujourd’hui disparus, dont on ne connait pour l'heure ni leurs emplacements ni leurs architectures. Suite à l’étude épigraphique de ce matériel par Ewa Laskowska-Kusztal, des études architecturales ont été entreprises pour tenter de restituer l’architecture de ces édifices. Le temple d'Osiris-Nesmeti constitue le deuxième volet de ces études après celui consacré au "temple X".
L’existence du temple d’Osiris-Nesmeti a été révélée lorsque nombre de ses blocs ont été retrouvés dans un mur de soutènement érigé vers le VIe siècle apr. J.-C.). L’excellent état de conservation des pierres à permis d’exploiter au maximum les ressources du matériel en procédant à une analyse en profondeur de chaque bloc (traces d’outils, tracés de construction, etc.). Ces informations et la médiation constante de modèles comparatifs nous ont permis de restituer le temple de manière détaillée, ceci en dépit du caractère lacunaire du matériel et de l’absence de vestiges in situ.
L’étude de restitution montre que le temple d’Osiris-Nesmeti appartient à la famille des temples à salles barlongues disposées en enfilade. Il se compose d’un naos à deux pièces (6 x 9 m) et précédé d’un pronaos (5 x 9 m) à deux colonnes reliés aux antes du pronaos par deux murs-bahuts. Les élévations du temple ont pu être restituées jusqu’aux dalles de couvertures pour une hauteur de 4 m dans le santuaire et de 5.60 m dans le pronaos. Deux ouvertures asymétriques dans la pièce du sanctuaire et une porte latérale donnant accès à la salle des offrandes ont également pu être restituées. De nombreux blocs de soubassements indiquent que le temple était posé sur un socle de ca. 40 cm et accessible par des marches d’escalier que nous avons retrouvé.
Christian Ubertini 2002
Institut Suisse de Recherches Architecturales et Archéologiques de l’Egypte ancienne, Le Caire
Bibliographies:
- E. Laskowska-Kusztal, Osiris-Nesmeti, in: 31./32. Bericht, MDAIK 61, 2006.
- C. Ubertini, Restitution architecturale du "Temple Y" in: 31./32. Bericht, MDAIK 61, 2006.
- S. Schoenenberger, Untersuchungen neben der römischen Monumentaltreppe, in: 28./29./30. Bericht, MDAIK 58, 2002
- E. Laskowska-Kusztal, Die Dekorfragmente der ptolemäisch-römischen Tempel von Elephantine, Elephantine XV, Mainz 1996, p. 21-25, pl. 72-95.