Christian Ubertini


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Projet: ETUDES SUR LES TECHNIQUES DE CONSTRUCTION DE L'EGYPTE ANTIQUE
Lieu / année: Egypte / 1999-2000
Organisation: Institut suisse de recherches archéologiques de l'Egypte ancienne
Fonction: Architecte (boursier)

Vue d'un mur de blocs en grès parfaitement calibrés

Vue des faces de contact des blocs


Zoom sur un joint entre blocs avec les entailles à l'aplomb des joints montant

Coups de scie visibles sur la face supérieure des blocs


Coups de scie visibles sur la face supérieure des blocs

Christian Ubertini

Etapes de la pose d'un bloc sur une assise en construction


Christian Ubertini

Superposition de deux assises confirmée par la présence de coups de scie sur les blocs de l'assise inférieure

Restitution







L’ajustage parfait des joints montants que l’on constate à travers toutes les époques de l’architecture égyptienne a déjà suscité de nombreux commentaires et interprétations qui ont mis en évidence la nécessité d’exécuter certains travaux de réglage sur les assises mêmes, à proximité des blocs déjà en place. A l’époque ptolémaïque et romaine on note, à travers la régularisation de l’appareillage des maçonneries de grès, un processus de standardisation de la construction. Dans cette logique, la pose des éléments et l’ajustement des joints montants faisaient partie intégrante de ce processus. L’aspect uniforme des joints montants montre que ces travaux de réglage n’étaient pas entrepris au cas par cas, mais qu’ils découlaient d’une procédure systématique qui devait être simple et rationnelle dans ses moyens de mise en œuvre.

Une observation rapprochée des blocs et notamment l’interprétation des nombreuses traces d’outils visibles sur les blocs permettent de mieux comprendre la technique qui permettait de parfaire le jointoiement vertical des éléments. La première observation est visible sur les lits d’attente des blocs où l’on note des entailles d’une longueur d’environ 10 cm et d’une largeur de 2 mm, situées plus ou moins perpendiculairement à la limite du parement. Ces marques sont les coups de scie résultant du sciage des joints montants des blocs qui parachevait l’ajustage des éléments. Une deuxième observation sur le positionnement exact de ces coups de scie dans les maçonneries in situ permet de constater, que ceux-ci, se trouvent exclusivement à l’aplomb des joints montants. Une observation plus rapprochée permet de noter que l’entaille se situe, en fait, à la limite du nu du joint d’un des blocs et immanquablement sous l’assiette de l’autre bloc.

Cette situation s’explique assez simplement

  1. Le bloc à poser, dont les joints montants possédaient déjà leur cadre d’anathyrose, était amené contre le joint de l’élément déjà en place.
  2. Les joints montants des deux blocs étaient ensuite sciés simultanément sur une profondeur correspondant à la largeur du cadre d’anathyrose paré sur les joints montants. Le poids propre des deux blocs permettait à la scie de suivre le joint sans la faire dévier de sa trajectoire.
  3. Une fois la scie ayant fait son chemin sur toute la hauteur du bloc, elle laissait inévitablement une trace sur l’assise inférieure, précisément à l’aplomb des joints.
  4. Le bloc à poser était ensuite plaquer contre l’élément en place comblant ainsi le vide laissé par le passage de la lame et recouvrant, par la même manœuvre, l’entaille du coup de scie.

Ainsi, la surface supérieure des assises conserve en des endroits précis la marque du sciage des joints montants, un peu comme la planche à pain qui conserve les traces des couteaux qui ont servi à couper le pain. Grâce à ces marques on peut déterminer quel bloc était posé à la suite de quel autre. Ceci permet de suivre de manière logique et incontestable l’évolution du chantier.

Christian Ubertini 2001
Institut Suisse de Recherches Architecturales et Archéologiques de l’Egypte ancienne, Le Caire

Bibliographie choisie: